Le travail de Cécile André puise ses racines dans l'art immortel de la peinture, en particulier dans l'héritage précieux des grands maîtres italiens de la Renaissance. Leur capacité à capturer l'âme humaine, à figer l'instant où l'intériorité rencontre l'extérieur, a toujours été pour elle une source infinie de fascination.

Rassemblées au cours des cinq dernières années, ces images réunies aujourd'hui sont bien plus qu'une simple compilation de clichés. Elles incarnent une cohérence subtile, un fil d'Ariane tissé à travers le temps et l'espace, qui prend son point de départ lors d’un voyage initiatique au musée des Offices, lorsque l’artiste n’avait que dix ans. Ce jour-là, ses yeux se sont posés sur le Portrait de Lucrezia Panciatichi, peint par le maitre florentin Bronzino. Toute vêtue de rouge et arborant des bijoux raffinés, une femme semble regarder le spectateur avec insistance. Ce regard troublant, empreint d'une grande ambiguïté, a profondément marqué l’artiste.

Couronnées de feuillages, parées de blanc ou simplement nues, des femmes à la chevelure rousse évoquent les figures envoûtantes de Botticelli et des artistes préraphaélites.—Telle une réécriture contemporaine du mythe de Narcisse, un jeune garçon détourne les yeux de son reflet et semble plonger en profonde introspection. —Employant l'eau comme élément, l'artiste présente sa vision moderne des nymphes et de Vénus, déesse de l'amour née de l'océan.

À travers ses portraits, Cécile André puise dans la mythologie et dans les codes de la représentation traditionnelle de la femme à travers l'Histoire, tout en refusant délibérément de l’enfermer dans le statut de simple muse. En réinterprétant ces archétypes féminins tout en rompant avec l'idée du modèle comme simple inspiration pour l'artiste masculin, elle cherche à émanciper la femme de son rôle autrefois passif et décoratif, explorant la diversité de ses expériences et ses différentes identités.

Derrière la façade esthétique se dévoile un vaste monde intérieur. L’artiste s'efforce de capturer cet entre-deux, ce moment où ses sujets basculent, oscillant entre

l'intériorité la plus profonde et l'affirmation de soi la plus audacieuse. Soutenant l’objectif du regard, prenant des poses fortes et assumées, la femme devient le sujet principal de son propre récit. Maîtresse de son corps et de sa sexualité, elle peut être sujet désirable, mais jamais objet de désir.

Cécile André présente la femme en tant qu'individu autonome et complexe. Loin de la simple mise en scène, ses photographies sont le reflet d'une exploration minutieuse, d'une quête obsessionnelle pour saisir l'instant d'indécision où l'âme se dévoile, révélant l'humanité dans toute sa splendeur et sa fragilité.

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